Silent Hill 3, c’est fait !
Je saurais pas dire si j’ai aimé ou non… Chaque session était éreintante, épuisante… C’est tellement plus bourrin, violent, direct que Silent Hill 2 dans le gameplay.
Des ennemis vifs et hyper résistants partout, en grand nombre… j’ai l’impression de n’avoir fait que courir partout en spammant X pour trouver les portes et en me frayant un chemin à travers des dizaines d’abominations avec pour seul véritable ennemi la caméra pendant 5 heures. Mes deux pires souvenirs seront assurément le Centre commercial, premier niveau du jeu qui m’a donc mis cette claque en pleine gueule, et le Parc d’attractions qui a la merveilleuse idée de ne pas mettre à disposition de carte pour se repérer.

Le jeu est en plus tellement sombre, on voit tellement rien… c’est très, très fatigant.
C’est con parce que les niveaux sont très inspirés. J’aime énormément le côté liminal de toute la première partie du jeu. Quant à l’arrivée à Silent Hill, ca fait plaisir de revoir la ville, et les nouveaux niveaux présents sur les lieux sont des vraies claques artistiques. Le seul lieu réutilisé est donc l’hôpital, le reste étant entièrement inédit, et il était lui-même un moment très fort du jeu différent d’ailleurs beaucoup de celui de Silent Hill 2 !



Ces niveaux sont bien construits dans leur level design, les énigmes intelligentes, l’ambiance qui s’en dégage… Le gameplay est plus agréable, avec maintenant la possibilité de se déplacer en tirant, y’a beaucoup plus d’armes… Tout était là pour faire de SH3 un meilleur survival horror que SH2.
Mais le trop plein d’ennemis combiné à l’HORRIBLE idée des trous dans lesquels on peut tomber… vient totalement briser le plaisir de jeu dans une bonne moitié des niveaux. Cerise sur le gâteau, on a même pas le droit à de longues séquences contemplatives comme il pouvait y avoir dans Silent Hill 2, avec les traversées pleine d’ambiance de la ville…
On perd tellement le côté stressant de SH2. La radio grésille constamment et nous pète les oreilles. Les ennemis, étant donné leur TROP grand nombre, ne sont plus source de stress mais juste d’agacement.

Je veux bien que ça serve la narration, nous faisant suivre une protagoniste adolescente, rebelle, accompagné de cette bande-son plus rock, et que ca témoigne des origines rail-shooter du projet… Mais ca me touche tellement moins.
Côté scénar… bon. J’entends bien que c’est une suite au premier jeu, et que n’ayant pas fait celui-ci, je passe à côté de certains éléments de compréhension qui auraient pu grandement améliorer mon expérience.
Mais entre nous, cette idée de Silent Hill comme une ville abritant une secte usant de pouvoirs occultes pour faire des petites bêtises… c’est quand même vachement moins bien que l’idée de purgatoire personnel de Silent Hill 2. Ca a beau être l’idée initiale avec Silent Hill premier du nom, putain que ca a moins de gueule.
Ca reste cool à suivre : Heather est un personnage principal excellent et hyper attachant. Ses petites remarques en fouillant les niveaux nous familiarisent intelligemment sa personnalité, et on ne peut que s’identifier à elle en la voyant prise dans tout ce bourbier.


Et le plot initial est trop cool. J’ADORE cette idée de contrôler un personnage qui ne peut pas rentrer chez elle à cause d’une réalité qui se déforme de manière cauchemardesque, tandis que des personnages bizarres ayant l’air de tous nous connaître et d’attendre quelque chose de nous apparaissent ponctuellement. Le tout jusqu’à ce qu’elle arrive enfin à rentrer chez elle, avec une révélation exceptionnelle faisant basculer le jeu dans son côté « Silent Hill » et révélant tous ses liens avec le premier. Mais aussi intéressante soit cette mythologie et ce concept de dieu plutôt lovecraftien, aussi symbolique soit le niveau de la chapelle… l’ordre et tout ce qui grave autour, ca me parle beaucoup moins.


Je retiendrais tout de même toute la première partie du jeu comme une sacrée expérience presque toute aussi marquante que ma découverte de la ville de Silent Hill 2. Qu’est-ce que j’aime les espaces liminaux ! Une expérience qui aurait pu être aussi marquante que SH2 sans ces problèmes d’ennemis et de construction.
J’ai aussi eu du mal à retrouver tous ces symbolismes et représentations métaphoriques qui m’avaient fait tomber amoureux de Silent Hill 2. Y’a bien un début de quelque chose avec ce sang omniprésent, ces ennemis crades à l’imagerie rappelant les menstruations… Je pense que ça parle beaucoup d’accouchement, de puberté, en accentuant évidemment sur le côté répugnant de tout ça. La naissance aura beau rester le thème principal du jeu même sur la fin, malheureusement ces symbolismes ne sont au final jamais creusés et écartés au profit d’une histoire faisant le pont avec Silent Hill 1 très axé sur l’ordre.

En fait le jeu veut faire du SH1 et du SH2 à la fois, et forcément ça ne marche pas. C’est finalement un jeu qui, comme l’adolescente rebelle Heather, a des problèmes existentiels. Et je suis sûr qu’en allant à fond dans un aspect ou l’autre, le jeu aurait été tellement meilleur.
Alors ouais, je ne sais pas quoi penser de Silent Hill 3. Ca aura été une expérience aussi bien EXCEPTIONNELLE par moments qu’absolument rebutante et désagréable à souhaits à d’autres. Mais en tout cas, une expérience mémorable.
Ca reste un jeu très créatif, avec de très bonnes idées (la map de la chapelle !) et des passages vraiment marquants (la maison hantée !), et que je suis content d’avoir découvert. Un jeu MAGNIFIQUE pour de la PS2, qui plus est. J’en garderais un souvenir gravé au fer rouge, c’est certain. Et finalement, ne serait-ce pas ça, le but de Silent Hill ?

Pour autant, je n’ai à l’heure actuellement pas envie une seule seconde de refaire le jeu, contrairement à son prédécesseur que je relancerais sûrement périodiquement dans ma vie et avec plaisir. Si vous souhaitez découvrir la série, commencez avec son second opus qui est un chef d’œuvre auquel on ne peut rien reprocher de grave. Car l’expérience magistrale qu’il nous fait vivre prime sur tout. Et si vous souhaitez découvrir Silent Hill 3, je vous conseille au préalable de jouer au premier. Ca rendra la seconde partie du jeu bien plus exaltante, c’est certain.
C’est en tout cas passionnant de découvrir cette série, qui ne laisse définitivement jamais de marbre. J’ai pour le moment besoin d’une petite pause avant de m’essayer au dernier jeu avant la mort de la Team Silent !
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