Alan Wake est aussi intrigant que frustrant

Je viens de finir mon arc Survival Horror du mois d’Octobre. C’était terriblement stimulant !
Silent Hill 4, puis The Evil Within 1 et 2… que des jeux absolument géniaux ! Je comptais finir avec le second opus de la désormais chère à mon cœur série de Tango Gameworks, mais la hype autour d’Alan Wake 2 ainsi qu’un exemplaire tout beau tout frais du premier jeu sur PS5 pour seulement 20 balles dans ma boutique de jeux du coin m’a fait repartir pour un dernier tour !
Alan Wake ca me tentait depuis très longtemps, alors l’occasion était enfin toute trouvée.

La claque de fou…
…le plaisir de jeu absolu…
…et l’expérience narrative intrigante.

Alors ça donne quoi Alan Wake ? Eh bien c’est un excellent jeu, rempli de créativité, de maîtrise et d’idées géniales !

Le truc qui me parle le plus dans Alan Wake c’est son ambiance et son concept initial.

Dès l’intro (superbe au passage), le tout est posé : l’écrivain Alan Wake se rend en vacances dans la petite ville américaine de Bright Falls pour prendre des vacances, se ressourcer et s’éloigner quelques instants de son terrifiant syndrome de la page blanche, n’ayant pas écrit de bouquin depuis plus de deux ans. Mais sa femme Alice le voit d’un autre oeil : elle veut que son mari sorte de sa léthargie et l’emmène ici pour qu’il y trouve de l’inspiration afin qu’il recommence à écrire. Mais cette ville cache un terrible secret : elle a l’air de faire prendre vie aux oeuvres écrites ici…

Une intro qui transporte directement dans le génial univers du jeu

Le jeu est d’ailleurs très beau sur PS5, le travail de remaster est bon

Je trouve ce setting EXCEPTIONNEL ! L’esthétique et les thématiques me parlent terriblement : le cadre montagnard, la petite ville américaine où tout le monde se connaît, à l’atmosphère détendue et joviale mais cachant une part plus sombre… Vous savez que j’adore ca, j’en parle à chaque fois : Inaba, Silent Hill, ce genre de petite ville paumée où il se passe des trucs bizarres c’est le cadre narratif que j’aime le plus. Mais alors quand les trucs bizarres qui s’y passent en question touchent à des oeuvres qui prennent vie, venant raconter des choses sur l’art et son impact sur le cerveau d’un artiste… mon dieu que c’est cool !

Je me suis incroyablement attaché à Bright Falls : ses émissions de radio animées par Pat Maine commentant avec une touche de bienveillance les évènements étranges du jeu, ses émissions de paranormal directement tirées des années 90 nous mettant en pleine face des concepts dérangeants et intimement liés à Alan, ses personnages hyper caractéristiques agréables, parfaitement antipathiques ou carrément fous… rah quel BONHEUR !

Le jeu dégage un truc fou

Tout ca va être sublimé par une réal absolument au top ! Le plot du jeu c’est qu’Alan sera enfermé dans sa propre histoire d’horreur pour des raisons que je ne spoilerais pas, entraînant toute la ville avec lui, en proie à des ombres malfaisantes possédant le corps de ses habitants.

La réal claque tellement !

Des ombres dont il devra se défaire grâce à la lumière représentée par sa lampe torche comme principal outil de gameplay. Et que c’est bien mis en scène bordel ! Le sound design est merveilleux, les effets visuels géniaux, et si caractéristiques qu’ils en deviennent mémorables et instantanément reconnaissable (mention spéciale à la glaçante apparition des ennemis et au ralenti une fois tous ces derniers éliminés, du pur cinéma).

Alan Wake est pas un jeu absolument terrifiant, y’a pas vraiment de moment où j’ai eu peur mais la magie fonctionne de part son jeu d’ambiance visuel et sonore absolument merveilleux. Tout est très sombre, on sent la menace qui guette dans l’ombre à tout moment… et dès qu’elle apparaît (que ce soit aussi bien des humains que des objets qui prennent vie à la Stephen King ou encore des oiseaux absolument terrifiants à la Hitchcock), c’est à coup de bruits stridents et terriblement forts, accompagnés d’un déluge d’effets visuels qui surprend. C’est une approche de l’horreur très similaire à celle de Carpenter je trouve, et c’est pas le concept de l’émission de radio nocturne faisant directement référence au génial Fog qui va me dire le contraire.

La menace rôde constamment dans l’ombre…
…et au moment opportun, frappe très fort

On ajoute à ça la géniale narration environnementale à base de manuscrits éparses directement tirés de l’histoire écrite par Alan Wake dans laquelle on se trouve, annonçant parfois des évènements toujours pas arrivés ou faisant allusion à des trucs qu’on vient de vivre… et ouais, on plonge très facilement dans la narration d’Alan Wake qui est véritablement fascinante.

Ca c’est de l’idée géniale

Une narration d’ailleurs structurée comme une série télé, surement pour rendre hommage à la principale inspiration du jeu Twin Peaks tout en étant méta de part ce que raconte le jeu, comme offrant une couche supplémentaire de fiction dans la fiction. Brillant ! En plus y’a des superbes musiques à la fin de chaque épisode et même Space Oddity de David Bowie purée.

Le gameplay en lui-même est assez sympa, ce que j’en retiendrais principalement c’est sa superbe utilisation de la lumière comme élément de jeu principal. Concrètement le but c’est d’aveugler suffisamment ses ennemis avec sa lampe torche, consommant des piles, pour pouvoir ensuite les dézinguer avec des classiques armes à feu, sans quoi ils y sont insensibles. Je trouvais ça très relou au début, de devoir forcément les éblouir pour pouvoir les tuer ensuite, et ca me soulait vite de pas pouvoir tout tuer d’un coup quand j’étais entouré d’ennemis trop nombreux. Mais en fait y’a plein d’outils à notre disposition pour être efficace : des lances fusées et des grenades qui éblouissent ET tuent directement en même temps, ou encore des objets dans l’environnement même tels que des projecteurs et autres lampadaires qu’on peut utiliser à bon escient. Qui plus est les sons, les effets visuels… tout est très satisfaisant dans les gunfights d’Alan Wake, qui offrent des sensations assez inédites. Big up aux gâchettes de la Dualsense prises en compte dans ces combats pour mon plus grand plaisir (mais étrangement pas dans les phases en voiture).

Une boucle (très) simple…
…mais pleine de sens et mise en scène de manière sacrément attrayante

Et je trouve ce jeu sur la lumière absolument génial. Cette manière qu’a le jeu d’opposer frontalement lumière et obscurité aussi bien dans sa mise en scène que dans son gameplay, nous faisant foncer vers n’importe quel point de lumière qu’on voit, les attendant comme des outils salvateurs… c’est absolument génial. Et tellement visuel en plus, raccord avec le lore du jeu qui plus est de part la phobie du noir de la femme d’Alan !

Difficile de considérer le jeu comme un survival horror

Alors oui la boucle de gameplay est hyper répétitive, et j’aurais du mal à définir le jeu comme un « survival horror » en fait, étant donné qu’il nous donne toujours ce qu’il faut pour venir à bout des ennemis, en trop grande quantité, et y’a absolument pas ce côté « on fait avec ce qu’on a » que je trouvais absolument brillant de The Evil Within. Il n’y a absolument aucun système de progression, on perd même souvent toutes nos armes dans le cadre de l’intrigue et on se contente juste de récupérer ce qu’il y a sur le chemin. Ca n’a bien sur rien à voir mais étant donné que j’en sors tout juste ca m’a frappé.

Pour continuer dans les trucs que j’ai trouvé un peu moyen, le level design est pas fou, l’exploration pas spécialement agréable ni très récompensée (trouver un coffre qui donne des objets pour se défendre mais faire apparaître des ennemis une fois ce dernier ouvert j’ai du mal à comprendre mdr genre ça sert à quoi?), et les phases en voiture c’était nul.

Plein de petits trucs cachés mais pas forcément hyper engageants

Mais malgré ces défauts et sa boucle de gameplay très limitée, Alan Wake se parcourt avec plaisir du début à la fin. Et ce grâce à son ambiance et sa narration (environnementale et cinématique) oui, mais aussi et surtout grâce à son rythme absolument impeccable ! Les phases de combat, d’énigmes environnementales, de narration, d’enquêtes… s’enchaînent merveilleusement bien et nous font tenir en haleine jusqu’au bout ! Et ce sans qu’on s’ennuie ni qu’on fasse un arrêt cardiaque car il y a de l’action frénétique non stop. Non, tout est juste parfaitement dosé.

Mais alors, pourquoi ce titre ? Pourquoi Alan Wake a une part « frustrante » ? Eh bien ça relève de la narration.

Un scénario génial mais qui laisse trop de questions en suspens

Qu’on soit clair, le scénario du jeu est absolument génial. Les personnages sont très attachants (rpz Barry et Maine), superbement écrits, la VF est merveilleuse (ca fait du bien après The Evil Within mdr), y’a une petite dose d’humour qui fonctionne du feu de dieu… Et surtout, qu’est-ce que c’est génial cette histoire de récit imbriqué dans le récit et cette narration décousue avec les manuscrits ! On se pose des questions tout au long du jeu, ça travaille tout le temps là haut et c’est une sensation que j’adore dans un jeu d’horreur. Mais le problème, c’est que bah… nos questions n’auront pas de réponse. Enfin pas toutes, et pas toujours les plus importantes. Et pas parce que c’est à nous de faire une étude approfondie pour tout comprendre, que c’est un jeu dont la compréhension du scénario se mérite, etc…

Non, mais parce qu’Alan Wake est en fait une oeuvre cross-media. Une oeuvre cross-media avec une fin abrupte, qui nous demandera de jouer aux DLC du jeu, à son spin-off American Nightmare, de regarder sa série préquelle Bright Falls, et surtout… de jouer aux autres jeux de Remedy. Car le studio a son propre multivers, faisant coincider des éléments d’Alan Wake avec Control pour ce qui nous intéresse ici.

Du cross-media et de l’univers étendu

Et j’ai du mal avec la narration cross-media… Ou tout du moins quand c’est fait de cette manière. Je veux dire, qu’un studio place toutes ses créations dans un même univers, qu’elles interagissent entre elles et que des évènements canon s’y passent je veux bien, mais à condition que chaque jeu se suffise à lui-même, qu’il offre une conclusion satisfaisante. Et dans le cas de ce Alan Wake… boarf. Je l’ai déjà vécu comme une petite claque pas cool, mais alors les fans du jeu qui ont attendu 13 ans dans le doute même d’avoir une suite ont dû le vivre comme un véritable crachat au visage.

Mais bon, heureusement, Remedy se sont relevés, ils ont maintenant toute la reconnaissance qu’ils méritent et les moyens de donner corps à leurs grandes ambitions cross-media et de multivers, alors tant mieux. Ce sont des gens très créatifs avec plein d’idées géniales, alors qu’ils se régalent. Mais de mon côté, j’ai quand même un peu la flemme… Je suis sûr que le tout est passionnant, véritablement fascinant une fois rassemblé, et Alan Wake II m’intrigue, j’y jouerais surement un jour…

Ca a l’air merveilleux mais Yakuza Gaiden arrive malheureusement ahah

Mais pour l’heure en finissant Alan Wake, j’ai un petit goût amer qui déçoit bien mon palais pourtant tant réjoui et hypé de découvrir une saveur sans commune mesure au dénouement du jeu, alors qu’il se délectait de temps d’ingrédients relevés et goûtus pendant son cours. Mais non, il faudra consommer l’entièreté de la carte du restaurant, en attendant des années entre chaque plat, encore et encore… car de ce que j’ai compris Alan Wake II fait exactement la même chose ahah.

J’en retiendrais quand même une superbe expérience narrative, un hommage aux plus grands récits d’horreur, une petite claque artistique visuelle et sonore, et garderais un excellent souvenir de mon séjour à Bright Falls. Et je replongerais dans tout ça… quand le 2 sortira en physique. S’il vous plaît.

1 réaction sur “ Alan Wake est aussi intrigant que frustrant ”

  1. Caroline Réponse

    Wow ! Un super survival horror celui-là ! Visuellement, je le trouve hyper réaliste et crédible. Le fait de devoir transformer tous les objets que l’on trouve en route en arme est typique des jeux de survie. Une touche très sympa !

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