NieR Automata, la claque

Ce test a été initialement écrit pour un format thread twitter

Bon. NieR Automata est un jeu réputé pour être absolument exceptionnel, un véritable chef d’œuvre du jeu vidéo ayant plongé tout un tas de personnes dans des émotions très fortes. Je me suis donc lancé avec ca dans la tête, autant dire que mes attentes étaient très hautes.

Est-ce qu’il mérite sa réputation? Pour voir ca, je vais faire comme d’hab, la structure habituelle : Direction artistique, Gameplay, Scénario.

Direction artistique

Bon, en ce qui concerne la DA, je vais pas passer par 4 chemins, c’est un sans-faute absolu. Les décors mélancoliques accompagnés d’OST absolument divines au style si particulier sous fond de brillantes voix à la fois robotiques et humaines données aux PNJ et aux ennemis, ca a un effet absolument incroyable, complètement envoutant. Je repense déjà nostalgiquement à ma découverte de l’anachronique parc d’attraction, et Weight of The World, City Ruins et Amusement Park tournent en boucle depuis la fin du jeu.

Le légendaire parc d’attractions

Techniquement rien de bien fou, les temps de chargement incessants sont un peu relous mais ca reste correct, et vous savez tant qu’on touche pas à des bras cassés avec un budget colossal pas foutus de faire des jeux composés d’espaces vides et de créatures attrapables au tour par tour, je me fous un peu de cet aspect.

Gameplay

Bref, avant de parler du plat de résistance, je vais revenir sur le gameplay histoire qu’on puisse finir sur une note positive ahah. Je serais cependant obligé d’évoquer le scénario pour des raisons que les joueurs de NieR connaissent.

Concrètement, le jeu se présente comme un action-RPG tendant vers le beat-them-all, dans la plus pure tradition de PlatinumGames. C’est dynamique, spectaculaire, les sensations sont bonnes et on prend un sacré plaisir à défoncer ces pauvres machines.

Un des boss les plus marquants du jeu

Des combos assez simples et un moveset limité, pour la simple et bonne raison que deux twists s’ajoutent à cette base de beat them all : des éléments de shoot-em-up et des changements de plans d’une fluidité remarquable.

Comprenez par-là, d’abord que les combats intègrent à la fois un système de corps à corps et de combat à distance sa mariant incroyablement bien grâce à un mapping des boutons astucieux et des patterns bien pensés pour nous faire utiliser les deux systèmes sans même qu’on s’en rende compte et offrant des chorégraphies très stylées. Et par « changements de plans » j’entends qu’on peut, au fil de notre avancée dans un niveau, passer d’une simple vue 3e personne à une vue du dessus, en passant par de la 2d typique d’un jeu de plateforme. On ajoute à cette « roulette de styles de jeu » des pures phases de shoot-em-up à bord de mechas/vaisseaux et des phases de hacking consistant encore en du shoot-em-up, sauf que cette fois c’est full 2d et ca dure que quelques secondes.

Une des phases de shoot-em-up en vaisseau, au gameplay limité mais à la mise en scène assez folle

Bref, c’est surement un peu compliqué à comprendre, mais ce qu’il faut retenir c’est que la proposition initiale de NieR Automata est grisante : mélange de beat-them-all et de shoot-em-up n’hésitant pas à changer de plans et de style de jeu constamment, le tout avec une fluidité remarquable. MAIS. Si à court termes cette fluidite fait mouche en faisant kiffer comme pas possible, il s’avère que malheureusement, Automata a énormément de mal à renouveler sa boucle de gameplay.

Comprenez par là qu’aussi nombreux soient les styles de jeu, et bien on fait vite le tour de chacun. Les différents mini jeux de piratage se comptent sur le bout des doigts, les phases de shmup ont seulement 2 variations et aussi cool soient-elles, bah ca reste du shmup donc un style de jeu qui se joue avec trois pauvres boutons, dont l’intérêt réside dans la variété de situations et la mise en scène. Or là y’a rarement de grandes envolées. Le plus intéressant reste la partie beat-them-all basique, mais malheureusement n’espérez pas retrouver des gigas combos à la DMC ou Bayonetta, c’est vraiment très très limité, et putain que c’est dommage parce que le potentiel était fou. J’étais transcendé par la géniale première heure du jeu, mais c’était sans savoir que ca résumait l’entièreté de la boucle de gameplay. Rah.

A part ca heureusement la progression est satisfaisante, notamment le système de puces assez ingénieux et raccord avec le fait qu’on joue des androides. Rien de bien transcendant sur l’exp et les améliorations d’armes ceci dit, c’est du farm un peu bête.

L’interface est cool, on se fait à la map en 3D même si ca rebute au début, et les quetes annexes sont sympas, parfois osef mais souvent intéressantes.

Les menus du jeu, tout en nuances de beige très agréables

Bon, je vais terminer sur le gameplay en empiétant un peu sur le scénario mais c’est nécessaire. La principale caractéristique de NieR, ce sont ces différentes runs nécessaires à la complétion du jeu. En gros, en finissant le jeu une fois, vous voyez comme 30% de son histoire et ses mécaniques de gameplay. Il va falloir faire 3 runs pour en faire le tour, la dernière offrant sur 2 branches se rejoignant pour une fin commune. Chaque run fonctionne comme une sorte de nouvelle « couche » de révélation et d’approfondissement du scénario.

Je reviendrais sur la partie purement narrative plus tard, voyons ce que ca engendre en termes de gameplay. C’est tout d’abord de par ces différentes runs que l’on pourra jouer les 3 personnages principaux, tandis que la première se limite à 2B. 9S a un gameplay vraiment excellent se rapprochant le plus du shmup, celui que j’ai préféré, mais malheureusement A2 et 2B sont bien trop similaires, l’une n’étant qu’une upgrade de l’autre et c’est regrettable.

Mais le plus important à propos de cette structure en « runs », c’est évidemment cette idée de jeu « meta », à la undertale ou doki-doki pour des exemples parlant à tout le monde. On a affaire à un jeu qui a conscience d’être un jeu, et qui donc se permettra de faire des petitesdingueries comme jouer avec nos sauvegardes, mettre fin inopinément au jeu selon nos actions (26 fins dont 19 « troll » se déclenchant en testant des trucs), et surtout, faire des trucs de fou en lien avec le scénario mais il est hors de question que je spoil ca.

Une de ces fins troll pouvant se déclencher avec des actions… contre-intuitives

Malheureusement, je suis encore frustré à ce niveau. C’est intelligent, ca marche très bien et nos émotions sont mises à l’épreuve à certains moment de scénario justement grâce au lien entre ce qu’il se passe et ce que se permet de faire le jeu (run C pour les connaisseurs, l’entièreté de celle-ci est incroyable). Ceci dit, je trouve que c’est trop timide, et j’aurais aimé que ca aille encore plus loin dans le brisage du 4e mur, ou sans aller aussi loin, le jeu avec les mécaniques et nos habitudes. Souvent je me faisais des réflexions du genre « putain ils auraient du faire ca à tel moment, ca aurait été brillant »! Et c’est dommage, car encore une fois y’avait encore moyen de faire des trucs absolument mindfuck, encore plus que ca. Ca va clairement pas aussi loin qu’un Undertale.

Dernier problème que j’ai avec ces runs, mais je laisse un doute là-dessus car c’est peut etre expliqué dans le lore et je m’en suis pas rendu compte : mais j’ai l’impression que rien ne justifie ces runs multiples, rien ne justifie qu’on puisse reprendre nos quetes comme si de rien n’était entre deux runs pourtant si différentes. En sortant d’un jeu comme Elden Ring la moindre mécanique de gameplay est justifiée, ca fait un peu mal. J’en attendais plus d’un génie de la narration comme Yoko Taro.

Toujours assez grisant de voir la direction que prennent les nouvelles runs

Scénario

Bref. Si je suis un peu frustré concernant le gameplay, le jeu n’allant pas au bout d’idées absolument magistrales selon moi, pour ce qui est du scénario, il en va autrement.

Que dire du scénario… Bordel de merde. C’est juste parfait. Cette sensation de pénétrer plus profondément dans l’univers à chaque nouvelle run, de sombrer dans des choses de plus horribles à chaque fois en allant de révélation en révélation redéfinissant l’entièreté du jeu à chaque fois, mon dieu que c’est fort. Au début on découvre l’univers, on trouve ca un peu mignon bien que mélancolique, tout en tombant dans un piège macabre dont la révélation vous fera remettre en question tout ce que vous avez fait et le sens véritable de vos actions. Vous ne comprendrez pas tout à Nier, vous ne saisirez pas toute l’ampleur de ce à quoi vous etes en train d’assister. Il faudra s’imprégner du jeu, etre attentif, lire les documents, lire des analyses une fois tout ca terminé faire la propre interprétation du mythe post-apocalyptique nimbé de mensonges et de tragédies que vous viendrez de vivre.

Certaines phases font vraiment très mal

Bien sur Nier n’est pas qu’un jeu au lore cryptique et aux révélations retournant le cerveau, il s’agit d’un jeu mettant en scène des personnages absolument exceptionnels tous nimbés de tragédie. J’ai rarement vu autant d’humanité dans un jeu vidéo, et pourtant les acteurs principaux sont des androides. Est-ce que finalement, ce n’est pas par leur prisme que l’on arriverait à cerner l’humanité au mieux? C’est l’un des thèmes d’Automata, en plus du sens de la vie, de la guerre, de l’amour, et de tant d’autres choses propres aux humains abordés si finement. Merci 2B, 9S, A2, Adam, Eve, Pascal, pour être des personnages si touchants et bien écrits. Votre tragédie me restera en mémoire à jamais, et je n’oublierais jamais les réflexions si fortes que vous avez ancrées en moi.

Ah, le village des machines….

Tout ca mènera à un climax absolument dantesque, pas forcément comme vous vous imaginez, mais pourtant d’une force incommensurable, qui vous prend au tripes en s’adressant directement à vous, le joueur ayant assisté à tout ca depuis le début.

Vous n’etes pas un spectateur. Merci NieR Automata d’etre, en plus d’une oeuvre d’art incroyable, un JEU VIDÉO incroyable, rappelant frontalement pourquoi j’aime tant ce média.

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